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Jules Ferry en pleine démolition (massive). Un bout de notre vie qui s'en va.

C'est moche!

1883 : L'HISTORIQUE 

UNE NAISSANCE DIFFICILE: LA NAISSANCE DU LYCEE DE JEUNES FILLES.


Le 10 novembre 1879, le Conseil Municipal de Roanne accepte, à la demande de l’Inspecteur d’Académie, de créer un cours d’enseignement secondaire pour les filles. Le 12 décembre 1879, le ministère ratifie cette création. Le cours secondaire aura pour directrice Mme Dardes, institutrice libre, qui dirigeait, avec succès, une pension située rue Emile Noirot. Le cours crée comprend :

  • Des classes primaires pour les fillettes de moins de 13 ans, quai des charpentiers, quartier du bassin.

  • Des classes secondaires pour les jeunes filles : cours dits de l’Hôtel de Ville donnés par les professeurs du collège de garçons. Pour des raisons de bien séance la plupart des élèves s’y rendent accompagnées de leur mère, poussées avant tout par la curiosité.

En mai 1881, tous les cours sont regroupés Quai des Charpentiers, Quartier du Bassin. Les cours ont lieu dans un immeuble loué à M. Rabourdin et dont le bail devait arriver à expiration en novembre 1883 (le bail ne sera pas reconduit).

Le 6 février 1882, le Conseil Municipal propose de transformer le cours secondaire en Collège avec internat et envisage de l’installer dans l’ancien Hôtel de Cadore. Six mois plus tard, le Ministère de l’Instruction Publique, proposant de prendre en charge les trois quarts de la dépense, s’oppose à l’installation des dortoirs dans le bâtiment principal. La Municipalité songe à expulser les Frères de la Doctrine Chrétienne, locataires d’un immeuble situé place du Château pour y installer le pensionnat annexe. Puis le projet est abandonné car l’immeuble proposé est « privé d’air, de jardins et non susceptible d’agrandissements futurs. » Alors se présente la possibilité d’acheter une propriété ouvrant sur la rue Brison et le Boulevard du Midi aujourd’hui Boulevard Jules Ferry. Madame veuve Barthelemy Chaverondier met en vente au prix de 300 000f une propriété de 13 000 mètres carrés où son mari avait installé une filature en 1836. La propriété comprend une belle demeure bourgeoise, un pavillon isolé et des dépendances (hangar, remises), une loge de concierge, un parc avec une grande pelouse descendant vers une pièce d’eau.

Le 1er février 1883, lecture au Conseil Municipal d’une lettre du Ministre de l’Instruction publique et des Beaux- Arts favorable au projet de création d’un lycée de jeunes filles. Le 12 Février 1883, le conseil municipal approuve, à l’unanimité moins deux abstentions, la proposition d’achat de l’immeuble Chaverondier au prix de 290 000F.

 

LE LYCEE LE PLUS ANCIEN DE LA VILLE 

 

Le 19 juillet 1883, un traité est signé entre l’Etat et la Ville de Roanne pour la création d’un lycée de jeunes filles :

« Entre le Président du Conseil, Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux- Arts agissant au nom de l’Etat et le Maire de la Ville de Roanne (Loire) agissant au nom de ladite Ville en vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés à cet effet par le Conseil Municipal dans les séances des 1er février 1883 et 19 juillet 1883, a été convenu ce qui suit :

-art. 1er : il sera donné à Roanne par l’Etat et par la Ville un lycée de jeunes filles qui comprendra un externat et un internat.

Art. 2 : cet établissement sera installé dans un immeuble d’une contenance de 14 375m2 acquis de Mme Chaverondier et situé rue Brison. Cet immeuble contient une loge de concierge, une maison d’habitation et des bâtiments annexes qui seront appropriés aux services scolaires. La Ville s’engage à construire pour l’externat et pour l’internat des bâtiments distincts pour compléter les locaux nécessaires.

Art. 3 : le lycée de filles de Roanne comprendra des classes primaires et les cinq années d’enseignement secondaire. »

 

Ci-dessous le texte du Traité entre l’Etat et la Ville de Roanne signé de la main de Jules Ferry alors Président du Conseil, Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux- Arts :

UNE VIVE POLEMIQUE

 

CONTRE:

 

-Journal de Roanne : 17 juin 1883

« Tous les Républicains ne partagent pas, au sujet de ce fameux Lycée de Jeunes Filles, les illusions et le bel enthousiasme de Messieurs Audifred (conseiller municipal) et Raffin (maire de Roanne de 1877 à 1888), tous deux ardents défenseurs de l’enseignement laïque, sans compter le menu fretin du Conseil Municipal »

-Journal de Roanne : 21 décembre 1884

Dans la rubrique « Causerie Roannaise » : « Il y avait une fois, à Roanne un lycée de jeunes filles, et ces jeunes filles recevaient sous l’aile du Conseil Municipal les soins les plus maternels. On leur inculquait par la voix de graves professeurs célibataires, cette science moderne qui fait les grandes nations et les bonnes républicaines ; on leur construisait pour 3000.000F des classes nouvelles … » «  On leur capitonna enfin l’existence de telle façon qu’elles ne pourront plus désormais voir en peinture ni sentir l’instruction congréganiste. »

-Journal de Roanne : 29 mars 1885

Dans la rubrique « Causerie Roannaise » : « …7% d’augmentation sur l’ensemble des impositions… Cela vous laisse-t-il donc froids, ô hommes de peu de foi ?... Suprême jouissance, n’êtes-vous donc pas tous fiers d’être Roannais contribuables, mes amis, quand vous songez que grâce à ces misérables 7% vous possédez un lycée de jeunes filles, c’est-à-dire une école où vos héritières… boiront désormais à la source pure de l’Université, les mâles vertus républicaines. »


 

POUR:

 

-L’Union Républicaine du 25 Juin 1882 :

 

« Ce nouvel établissement d’instruction, dont la création fait honneur au Conseil Municipal de Roanne n’a pas le don de plaire aux adversaires jurés de la République… La passion politique n’aveugle pas tous les parents… Les filles sans dot ne sont pas vivement recherchées et l’instruction n’est pas la plus mauvaise des dots : elle a même sur les autres, cet avantage que lorsqu’on la possède, on ne peut plus la perdre. Oui, il est utile qu’une femme sache compter, qu’elle puisse écrire convenablement, qu’elle ait quelques notions de sciences…

Avec de semblables connaissances, elle sera pour son mari une auxiliaire utile, une compagne agréable…Les honnêtes gens qui veulent maintenir ces êtres faibles et charmants dans la plus dure des servitudes, celle de l’ignorance, gémiront assurément. »

 

-Conseil Municipal : 18 juin 1883

 

« Considérant que l’avenir de notre industrie dépend de la somme d’instruction que l’on distribuera à la population… Il y a lieu de songer très sérieusement à l’avenir… En ce moment, on ne peut rien faire de plus utile que de créer l’enseignement des jeunes filles. Pour toutes ces considérations, le Conseil Municipal approuve (à l’unanimité moins une voix) les clauses du traité à conclure avec l’Etat. »

 

 

Décret du 28 juillet 1883 :

« Le président de la République Française, sur le rapport du Président du Conseil, Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, vu…, attendu que la Ville de Roanne s’est conformée pour obtenir la création dont il s’agit aux prescriptions des lois et décrets précités et qu’elle s’est engagée notamment :

1. –à fournir le terrain destiné au lycée et à y construire ou approprier les bâtiments, conformément aux plans et devis qui seront arrêtés par le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts ;

2.-à garnir les locaux du mobilier usuel et du matériel d’enseignement nécessaire ;

3.-à assurer l’entretien et la réparation de l’immeuble ;

4.-à fonder pour dix ans au moins un certain nombre de bourses ;

5.-à gérer à son compte l’internat annexe.

Le Conseil Supérieur de l’Instruction Publique, entendu, décrète :

Art. 1 : un lycée national de jeunes filles est créé à Roanne (Loire).

Art. 2 : la Ville de Roanne est autorisée à annexer un internat à cet établissement.

…Art. 5 : le Président du Conseil, Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts est chargé de l’exécution du présent décret.

 

Fait à Paris le 28 juillet 1883, signé par Jules Grévy et Jules Ferry

 

 

                                                             Ci-dessous le texte du décret de création :

 

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ADAPTATION DES BATIMENTS AUX SERVICES SCOLAIRES


 

Il faut construire des bâtiments adaptés. Pour cela, la municipalité doit emprunter 277 500F. La mise en adjudication des travaux est prévue pour le 24 Décembre 1883. Mais au dernier moment elle ne peut avoir lieu, la loi qui devait autoriser la ville à emprunter les fonds nécessaires n’ayant pas été votée ! Le Journal de Roanne ironise : « Qu’est-ce à dire ? Les lycées de filles ne seraient-ils plus en aussi grande faveur ? » Finalement, la Ville de Roanne ayant été autorisée à contracté l’emprunt prévu, (loi de Janvier 1884) l’adjudication a effectivement lieu le 21 Février 1884.

Ouverture officielle le 12 octobre 1885.


 

En 1895, on construit un préau couvert qui est le gymnase. Il a été transformé en 1980 en salle audio-visuelle.


 

Deux Prospectus dont le premier a été distribué en 1886 : de précieuses informations sur l’organisation de la vie dans l’établissement.

Premier prospectus

Second prospectus

Les premières années:

 

Pendant la première guerre mondiale, une partie des bâtiments est occupée par un hôpital militaire. Le lycée reçoit un groupe de jeunes filles venues de Serbie, pays allié à la France et ravagé par la guerre


 

                                                                                Photo : Les infirmières en 1914 

Simone Weil (1909 1943) écrivain et philosophe a fait un bref séjour dans notre lycée. Agrégée de philosophie, elle y enseigne en 1933-1934. Ensuite elle travaille un an en usine, chez Renault, pour connaitre les conditions de vie des ouvriers. En 1936, elle prend part à la guerre d’Espagne, rejoint la France Libre en 1942 et meurt à Londres en 1943.

 

                                     

                                                       Photo de S.Weill et du pavillon où elle a enseigné la philosophie

Avec la seconde guerre mondiale viennent les difficultés d’approvisionnement, les problèmes de renouvellement de matériel. Puis cela se ressent au niveau des effectifs :

>rentrée 1939 : chute des effectifs.

>rentrée 1940 : arrivée de 27 élèves-maîtresses de l’Ecole Normale de St Etienne.

>rentrée 1941 : départ des élèves-maîtresses, réintégrées à St Etienne, comblé par de nouvelles inscriptions.

>rentrée 1942 : une partie des bâtiments est occupée par un hôpital. L’internat devenant insuffisant, on refuse une vingtaine de pensionnaires.

>rentrée 1943 : des effectifs importants sont prévus, mais en raison des directives données par le Ministre, le Préfet réduit aux seules boursières nationales et aux candidates au baccalauréat la population scolaire.

>rentrée 1944 : les admissions sont limitées à 85 pensionnaires et 38 demi-pensionnaires, en raison de l’exiguïté des locaux.

>rentrée 1945 : pour les mêmes raisons on élimine, au cours des vacances, 50 demandes d’inscription à l’internat.

 

                               

                                       .

DEPUIS 1987, LE LYCEE SE NOMME « Lycée-Collège Jules Ferry ». DES MODIFICATIONS ONT ETE APPORTEES:

 

 

 

-aux bâtiments :

 

A la rentrée 1960, inauguration de la loge du concierge du « bâtiment neuf » qui comprend au rez-de-chaussée les bureaux du principal adjoint, du secrétariat élèves, les salles d’étude, la salle des professeurs et le centre de documentation ; au premier étage des salles de dessin, de technologie, et de biologie ; au deuxième étage des salles de sciences physiques avec le laboratoire de science ; et enfin au troisième étage les salles de Français, de langues ainsi que deux salles de devoirs surveillés tandis que la bâtiment galerie regroupe les salles d’histoire-géographie et de langues vivantes. A partir de 1975 utilisation d’un gymnase sur deux niveaux et en 1980 équipement d la salle audio-visuelle (salle Jules Ferry). Puis en 1987 mise en fonction du self service au réfectoire. En 1991 extension des terrains ; au total plus de 15 000 m2 de surface non bâtie pour près de 5 500 m2 de surface bâtie, et puis en 1993 début de la restructuration de l’internat et inauguration de l’allée Simone Weil.

 

 

-à la structure :

 

Les années 60 voient la disparition des classes primaires et les débuts de la mixité. En 1979, l’établissement est scindé en deux parties : le collège pour le premier cycle et le lycée pour le second cycle.

Le collège et lycée Jules - Ferry époque contemporaine, tel que la plupart d'entre nous l'ont fréquenté.

Pendant les dernières décennies du XXème siècle, l’établissement ou cité scolaire, est caractérisé par la cohabitation dans les mêmes locaux de son lycée et de son collège. Il regroupe alors environ 1000 élèves 600 au lycée et 400 au collège) et il comporte un internat de filles.

 

 

Le lycée prépare ses élèves aux baccalauréats Littéraire (L), Economique et social (S) et Scientifique (S). Un projet d’ouverture de classes STL (Sciences et Techniques de Laboratoire) et SMS (Sciences Médico-Sociales) n’a pas abouti malgré des effectifs stables.

 

 

Un point fort : les langues dont l’enseignement et l’environnement ont toujours été privilégiés. On y enseignait le Russe. L’enseignement du Chinois ( 2ème établissement de l’Académie avec le Lycée St Exupéry à Lyon) se développe et presque tous les ans des élèves se rendent en Chine. Depuis 1988 le lycée est jumelé avec le lycée Isolde-Kurz de Reutlingen (Allemagne) et pratique des échanges annuels. L’établissement participe à un projet Comenius ; trois établissements (« Isolde-Kurz » à Reutlingen, et « The Whitby County High School » à Ellesmere Port en Angleterre travaillent ensemble sur le thème : industrialisation et architecture industrielle à partir de la révolution industrielle. Un nombre très au-dessus de la moyenne nationale pratique 3 langues jusqu’en terminale. De nombreux voyages linguistiques sont effectués et le lycée accueille chaque année des élèves étrangers qui viennent y effectuer un an de scolarité.

 

 

On peut ajouter l’option informatique à partir de la seconde, option présentée au baccalauréat et la présence d’un laboratoire de langues.

 

 

 

Le Monde de l’Education publie sous la rubrique « Excellence et stabilité » la liste des « 25 meilleurs lycées de France » d’après 3 années d’observation. Pour le Baccalauréat série A le lycée Jules Ferry se classe au 10ème rang.

 

 

En 1998 on note un taux de réussite au bac de 84,1% alors que la moyenne académique est de 83,3% et la moyenne départementale de 81% (la série Es a obtenu 94% de réussite)

 

 

Depuis le début des années 90, l’origine socio-professionnelle des parents d’élèves évolue :

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Part des catégories les plus aisées (agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales)

Part des catégories les moins aisées (employés, ouvriers, sans emploi)

Sources :

 

- exposition organisée lors du centenaire de l’établissement par Mmes Vecchi et Blanc, professeurs d’Histoire et leurs élèves.

 

- Mémoire de maîtrise 1998/1999 de Lucie Burellier (ancienne élève de Jules Ferry) Université de St Etienne . Faculté des Lettres section Histoire, sous la direction de Mme Bayon.

A LA RENTREE 2007 :

 

 

Dans le cadre d’une restructuration programmée des établissements scolaires Jules Ferry et Jean Puy, les lycées et collèges respectifs fusionnent. Les lycéens et leurs professeurs se retrouvent sur le site du lycée Jean Puy alors que les collégiens sont regroupés sur le site Jules Ferry qui devient ainsi le Collège Jules Ferry.

 

A l’ouverture de ce blog, le collège Jules Ferry est en reconstruction. (Voir photos dans cette même rubrique).

Visite du préfet au lycée pendant la seconde guerre mondiale

La levée du drapeau

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